白馬非馬 : « prêteurs PRIVÉS occidentaux » n’est pas égal à « prêteurs occidentaux »
Thierry Pairault
Je crois avoir activement contribué à dénoncer le mythe d’une «diplomatie chinoise de la dette> qui ferait tomber les pays africains dans un «piège chinois de la dette». Je crois aussi avoir démontré que la responsabilité de la Chine était celle d’un mauvais banquier qui évaluerait mal les risques d’un projet pour lequel un client sollicite un prêt. Je crois aussi avoir insisté sur le fait que le problème n’était pas l’endettement en lui-même, mais la qualité du projet dans la mesure où c’est de sa faisabilité et de sa rentabilité que dépend la génération de revenus garantissant le remboursement du principal et des intérêts. J’ai également noté que le « piège de la dette » était ce miroir aux alouettes auquel s’est laissé prendre la Chine tout autant que certains pays africains.
J’ai également activement contribué à dénoncer une essentialisation de la Chine qui confond dans un même a priori les comportements de tous les acteurs économiques chinois qui seraient dès lors supposés tous suivre un Grand Plan défini à Pékin. Je dénonce de la même façon une essentialisation de l’Occident qui fait que « des bailleurs privés occidentaux » deviennent « les bailleurs occidentaux » (Western lenders) confondant ainsi en une seule catégorie les prêts bilatéraux des États occidentaux avec ceux de bailleurs privés. Cette essentialisation n’est pas nouvelle ; comme je l’ai déjà relevé, elle est depuis longtemps une ligne d’attaque chinoise pour refuser la transparence qui lui est demandée (que ce soit ou non à juste titre est un autre problème). Dans le cadre systémique chinois, on peut comprendre un tel amalgame dans la mesure où les grandes banques qui prêtent aux pays africains sont toutes publiques et toutes sous la tutelle directe du gouvernement chinois pour toutes leurs décisions de prêt. Ce qui est regrettable est que des personnalités – comme entre autres Yungong Theo Jong – répandent de tels sophismes et entrent dans le jeu de Pékin sans bénéfice in fine pour les pays africains puisque leur endettement dépendrait dorénavant de fonds vautours qui n’ont cure de telles « subtilités » politiques et sur lesquels les États occidentaux ont peu de moyens de pression puisqu’il ne s’agit pas d’agents publics.