La Chinafrique inquiète la France, l'Africamérique inquiéterait la Chine
Dzifa Kpetigo
 
Les enjeux géostratégiques et économiques au centre desquels se trouve l'Afrique, même s'ils sont depuis fort longtemps connus dans leurs grandes lignes, ne font pas l'économie d'acteurs nouveaux ou remis à jour. La présence française et chinoise sur le continent était une réalité consacrée, désormais il faudra également compter avec l'activisme américain. Le département américain à l'énergie espère importer 25 % de ses besoins d'Afrique. L'article de Richard Arzt (à lire sur sur ce site ) donne un bref aperçu de l'activisme américain et souligne l'inquiétude chinoise face à la récente tournée africaine que la secrétaire d'État américain Hillary Clinton a effectuée à partir du 4 août au cours d'un séjour de onze (11) jours en Afrique.

Les pays visités par Mme Clinton tracent l'axe de la stratégie américaine en Afrique : approvisionnement moins coûteux en ressources naturelles et lutte contre le terrorisme. Le premier objectif est une constante dans les rapports entretenus entre l'Afrique et les puissances mondiales alors que l'objectif de lutte déclarée contre le terrorisme différentie les États-Unis. Le volet sécuritaire est donc loin d'être négligeable, pour preuve, le Kenyan à été une étape du périple américain parce que voisine de la Somalie où les milices islamistes des « shebab » soutenus par Al-Qaïda déstabilisent le gouvernement de Cheikh Sharif Abdoul soutenue par les États-Unis. Mais la question intéressante serait de se demander si la Chine a de vraies raisons de s'inquiéter d'un activisme renouvelé des États-Unis en Afrique ?

Les ambitions américaines en Afrique reste certes voisines de celle de l'Europe (la France en particulier) et de celle de la Chine sur le plan économique, toutefois sur le plan politique, le discours américain reste fidèle au « Consensus de Washington », c'est-à-dire bonne gouvernance intérieure, lutte contre la corruption... Au Nigéria, Hillary Clinton a rappelé l'impératif besoin de lutter contre la corruption et de procéder à des réformes du système électoral afin d'éviter les violences qui ont émaillé l'accession à la magistrature suprême du Président Umaru Yar Adua. Il faut rappeler que dans ce pays où Exxon et Chevron produisent la moitié du brut derrière l'anglo-néerlandais Shell et le français Total, 40 % de la production pétrolière est exportées vers les États-Unis. En Angola, le discours américain a même été moyennement apprécié, la conférence de presse devant suivre la rencontre entre le Président Eduardo Do Santos et Hillary Clinton a été annulé...

La réponse à la question de l'inquiétude chinoise face à « l'offensive américaine » est qu'avec le discours actuel des États-Unis insistant sur les vertus de la bonne gouvernance, il n'y a pas de grand risque que la Chine se fasse « doubler » sur le continent...