À propos du financement du port d'El Hamdania à Cherchell

Après avoir lu ce qui est dit du financement du port d’El Hamdania dans l'article de Rafik Tadjer paru dans Tout sur l'Algérie du 17 janvier 2016, je voudrais faire quelques remarques.

 L'article indique que :

Ce protocole d’accord prévoit la création d’une société de droit algérien composée du Groupe public des services portuaires et de deux compagnies chinoises qui sont CSCEC (China state construction corporation) et CHEC (China harbour engineering company), rapporte l’Agence officielle APS.

Il apparaît donc qu'il a été monté une coentreprise ou joint venture, montage qui suggère un investissement chinois. L'article poursuit ainsi :

La nouvelle société mixte, établie selon la règle 51/49%, aura la charge de réaliser les travaux d’études, de construction, d’exploitation et de gestion de cette infrastructure portuaire, a affirmé le ministre des Transports...

Rien n'est dit de la manière dont seront rémunérées les entreprises chinoises ni si la structure créée conduit effectivement à un droit de propriété de 49% des entreprises chinoises sur le port. Dans un contrat de BOT, on prévoit que l’investisseur à l’origine de la création ou de la modernisation d’une entité, puisse se rémunérer en exploitant lui-même un certain temps cette entité. De ce point de vue, il n’y aurait donc pas investissement stricto sensu mais prestation de service ainsi qu’un élément semble le montrer. Il nous est dit que :

c'est une compagnie chinoise, Shanghai Ports, qui assurera son exploitation.

Cette dernière phrase montre bien qu'il n'y a pas de transfert de propriété de l'Algérie à une ou des entreprises chinoises du BTP, donc il n'y a pas investissement au sens de l'investissement direct étranger (IDE) dans le projet de port. Pour s'en assurer, il faudra voir le capital effectivement déclaré par la coentreprise sino-algérienne au registre algérien du commerce car nous pouvons calculer le montant exact qui serait investi par la Chine si la coentreprise avait la propriété du port. L’article nous indique que :

Ce projet, dont le coût est estimé à 3,3 milliards de dollars…

En d’autres termes, 49% de 3,3 milliards de dollars font 1,617 milliards de dollars. Même si cette somme était le montant effectif de l’investissement des entreprises chinoises de BTP dans la coentreprise, cela ne signifierait pas que ce montant se traduirait par un flux financier de la Chine vers l'Algérie car il pourrait tout autant se traduire par un flux de marchandises et de services de la Chine vers l'Algérie. Mais l’élément le plus important apparaît dans la fin de la phrase citée :

Ce projet, dont le coût est estimé à 3,3 milliards de dollars, sera financé dans le cadre d’un crédit chinois à long terme.

Nous sommes ici dans le schéma classique du crédit acheteur (un crédit acheteur de 3,3 milliards de dollars, c’est-à-dire de la totalité du coût du projet). Ce fait à lui seul confirme qu’il ne s’agit pas d’une opération chinoise d’investissement portuaire, mais d’une prestation de service. La coentreprise qui suppose somme toute un investissement minime est là pour servir de poste de commandement voire, plus vraisemblablement, pour servir de société sandwich.

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