Deux conceptions du développement s'affrontent en Afrique
Daniel Vallot
RFI : Article publié le 24 octobre 2009 http://www.rfi.fr/actufr/articles/118/article_85948.asp

Les Journées européennes du développement, organisées par l'Union européenne, se poursuivent à Stockholm. Vendredi les débats ont tourné autour de l'aide au développement qu'apporte la Chine. Deux conceptions du développement s'affrontent : l'Européenne et la Chinoise, la bonne gouvernance ou les routes. Le débat est ouvert.

C’est une déclaration de Raila Odinga qui a mis le feu aux poudres. Pour le Premier ministre du Kenya, l’aide chinoise au développement a le mérite de cibler les infrastructures et donc, selon lui, de répondre aux besoins réels du continent africain.

Une position partagée par Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Liberia. « Il est clair que dans notre cas, alors que nous voulions mettre l’accent sur la formation par exemple, les gens nous ont dit « nous voulons des routes ! Dans beaucoup de pays sous-développés, le manque d’infrastructures est un handicap majeur Il faut reconnaître que la construction de ces infrastructures est très importante ; cela peut favoriser le développement. »

L’aide chinoise en Afrique est pourtant contestée. Les pays européens accusent Pékin de n’accorder aucune importance à la transparence et à la démocratie comme l'explique Karel de Gucht, commissaire européen au Développement : « Les Chinois apportent de l’argent sans aucune condition ! Cela plait à beaucoup de dirigeants africains… Cependant, il est trop simple de dire : « ce que nous faisons c’est bien, et ce que font les Chinois c’est mal ! Il y a un nouvel acteur en Afrique, nous devons l’accepter et lui demander simplement qu’il respecte les règles fondamentales du développement »

Bâtir des ponts ou des routes et favoriser l’émergence de la démocratie et le bonne gouvernance : ce sont deux conceptions du développement qui s’affrontent en Afrique. Pour certains observateurs, l’irruption de la Chine sur le continent africain aura eu au moins le mérite de piquer au vif l’orgueil des donateurs traditionnels.

Daniel Vallot