La Chine n'obtiendra pas 6 mds de barils de pétrole du Nigéria
© AFP du 30 septembre 2009

ABUJA - Le vice-ministre nigérian du pétrole a déclaré mercredi à l'AFP mercredi que la compagnie nationale chinoise CNOOC n'obtiendra pas 6 milliards de barils de pétrole comme elle en a formulé la demande.

"C'est exact que les chinois ont fait une proposition que nous étudions. Ils demandent six milliards de barils de nos réserves. Je peux vous dire que nous n'allons pas leur donner tout ça", a déclaré à l'AFP Odein Ajumogobia, le vice-ministre du pétrole, sans plus de détails sur l'avancée des discussions ou les quantités envisagées.

Plus tôt dans la journée, le ministre nigérian du Pétrole Rilwanu Lukman avait confirmé à l'AFP que des discussions étaient en cours avec la compagnie pétrolière nationale chinoise mais qu'aucune décision n'avait encore été prise.

"Nous sommes toujours en discussions avec eux et le gouvernement (nigérian) n'a pas pris de décision", a déclaré le ministre à l'AFP.

Mardi le quotidien londonien Financial Times avait annoncé que le géant pétrolier chinois CNOOC discutait avec le Nigeria pour acquérir des parts dans des blocs pétroliers parmi les plus riches du monde, ce qui constituerait l'une des opérations à l'étranger les plus importantes pour Pékin dans ce secteur.

Le Financial Times précisait que la CNOOC ambitionnait d'acheter 6 milliards de barils de pétrole, soit l'équivalent d'un sixième des réserves prouvées au Nigeria.

Cet achat pourrait mettre la Chine en concurrence avec les groupes pétroliers occidentaux traditionnel partenaires du Nigeria depuis près d'un demi-siècle dont Shell, Chevron, Total et ExxonMobil. Ces multinationales contrôlent actuellement et opèrent tout ou partie des 23 blocs qui sont en discussion.

La valeur totale de l'offre chinoise n'a pas été dévoilée, mais certains détails semblent suggérer un montant d'environ 30 milliards de dollars (20 milliards d'euros).

L'offensive de la CNOOC, qu'un porte-parole de la compagnie a refusé de commenter l'information, intervient en tout cas à un moment compliqué et de tensions.

D'une part la violence endémique dans la zone de production (Delta du Niger) a fait très fortement chuter la production depuis deux ans: en 2006, le pays pompait 2,6 millions de barils par jour (mbj), contre un peu moins d'1,7 actuellement. Longtemps premier producteur africain, le Nigeria fait désormais quasi jeu égal avec l'Angola.

La production, qui s'est quelque peu redressée ces dernières semaines, était tombée il y a quelques mois (fin juin) à moins d'un million de baril/jour au plus fort des violences et sabotages du Mend, le Mouvement pour l'Emancipation du Delta du Niger qui affirme se battre pour les populations locales du Delta.

D'autre part les autorités nigérianes et les principales compagnies étrangères qui opèrent dans le pays sont engagées depuis des mois dans un bras de fer sur une réforme profonde du secteur voulue par Abuja, mais dont les sociétés étrangères ainsi que les gouverneurs des états pétroliers du sud du pays contestent le bien fondé et l'efficacité.

Le Petroleum Industry Bill (PIB) en débat au parlement depuis des mois, prévoit de transformer les actuelles co-entreprises avec les multinationales en "IJV" (integrated joint ventures) dotées d'une autonomie financière pour lever des capitaux. Depuis des années la NNPC dépend du budget de l'Etat et n'arrive pas à honorer ses engagements financiers vis-à-vis de ses partenaires étrangers.

Outre un "coup de massue" fiscal, les multinationales (notamment Shell, Total, Mobil, Chevron) redoutent que la future loi ne réduise les investissements ainsi que la rentabilité des futurs projets pétroliers et gaziers.