Route = développement 要想富,先修路 ?
Thierry Pairault

Je viens d’assister à un ouèbinaire dont l’une des intervenants a affirmé que le développement de la Chine résultait d’une application du slogan selon lequel il faudrait d’abord construire des routes pour se développer. De fait, le slogan parle de s’enrichir et non de se développer, ce qui d’ailleurs peut questionner ab initio sur sa pertinence pour le développement. C’est ignorer que les zones économiques spéciales ont été construites sur la façade maritime précisément pour pallier le manque d’infrastructures routières et ferroviaires, or ce sont ces ZES qui sont véritablement à l’origine du développement économique chinois. Aujourd’hui, l’Ouest chinois a toujours du mal à se développer en dépit de la multiplication des voies de communication. Bref, si nous écoutons le discours chinois que reprenait cette intervenante, la Chine enseignerait aujourd’hui cette sagesse « traditionnelle » aux peuples africains au plus grand bénéfice, ajouterions-nous, des entreprises chinoises du BTP.

De fait, ce mot d’ordre – qui n’est en rien chinois – fait partie d’une mythologie du développement qui confond concomitance et corrélation, puis corrélation et relation de cause à effet ; et Braudel d’avertir : « Surtout, ne grossissons pas les événements de l'histoire routière. Ils surgissent, se contredisent, s’effacent souvent. Si nous les écoutions, ils expliqueraient tout (...) ».

Si le lecteur souhaitait en savoir plus , je lui conseillerais la lecture très enrichissante de l’article de Jean-Marc Offner (qui m’a soufflé le paragraphe précédent) « Les ‘effets structurants’ du transport : mythe politique, mystification scientifique », L'Espace géographique, 1993, 22-3, p. 233-242