Brut africain et « transition économique » chinoise
Thierry Pairault

Je viens de lire une étude écrite par Zainab Usman et Tang Xiaoyang titrée How Is China’s Economic Transition Affecting Its Relations With Africa? et publiée en mai 2024 par le Carnegie Endowment for International Peace. Cette publication est très intéressante, même si elle pose quelques problèmes d’ordre méthodologique, en particulier avec le graphe ci-dessous..

 

Le papier d’Usman et Tang[1] présente en page 2 un graphique très intéressant intitulé The Growth/Contraction in Chinese Imports of Crude Petroleum From Its Top Twenty-Two Suppliers, between 2019 and 2023 (voir Figure ci-dessous). Toutefois, en regardant plus en détail ce graphique, certains détails nous ont interrogé. D’abord, le titre du graphique ne précise pas si les importations sont comptabilisées en quantité ou en valeur[2] ; or durant cette période, le cours au comptant du brut en dollars états-uniens par baril est passé de 2019 à 2023 d’environ 65 à environ 85 dollars[3]. Une telle variation du cours du brut exagère les variations en valeur par rapport aux quantités effectivement importées, ce qui peut se révéler crucial pour estimer l’évolution effective du rôle de chacun des pays fournisseurs pour la Chine : en moyenne les importations chinoises de brut ont augmenté de 39 % en valeur et de 10 % en quantité entre 2019 et 2023 selon les données de Comtrade[4]. Ensuite, les pays retenus sont présentés comme formant un « Top 22 » ; or ce « Top 22 » offre une liste de pays qui nous a immédiatement semblé exclure des pays mieux placés que certains de ceux qui avaient été sélectionnés. Nous avons donc voulu vérifier les données à la source indiquée en référence de leur graphique (les douanes chinoises), mais l’adresse électronique énoncée pour accéder au document utilisé était fausse. Nous avons alors tenté de trouver sur le site des douanes chinoises – tant dans sa partie en anglais que dans celle en chinois – tout document en rapport avec ce graphique, mais en vain. Nous avons aussi entrepris de collecter ces éléments par l’intermédiaire de la base de données statistiques des douanes chinoises avec un succès très médiocre tant elle est peu conviviale user-unfriendly. J'ai donc décidé de prendre contact avec les deux auteurs et, après de brefs échanges de courriels, j'ai entrepris de leur soumettre notre analyse jointe ci-après.

Lire l'analyse adressée aux deux auteurs ici

 


[1] Notons que l’énoncé des noms des auteurs peut être trompeur vu que l’ordre du prénom et du nom s’inverse de la première auteure (ordre international) au second auteur (ordre chinois traditionnel) : il s’agit donc de Mme Usman et de M. Tang.

[2] Pour être exact, à la page 3 de leur note, une phrase des deux auteurs mentionne en passant qu’il s’agit des importations en valeur.

[3] Mon approximation à partir de INSEE, Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) - Prix au comptant en dollars US par baril, https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/010002077.

[4] La base de données est accessible à https://comtradeplus.un.org/.