La Chine accélère les fusions-acquisitions à l'étranger
Le Quotidien du peuple en ligne du 26 juin 2009 

Le premier groupe chinois de raffinage pétrolier Sinopec Group vient d'annoncer le 24 juin que sa filiale International Petroleum Exploration and Production Corp. (SIPC) a conclu un accord en argent comptant pour l'acquisition du groupe Addax Petroleum, établi à Genève mais coté à Toronto et Londres, rapporte « Economic Information Daily ».
De source bien informée, dans le cas où cette transaction se réalise, ce serait alors jusqu'ici le plus important rachat d'un groupe étranger par une société pétrolière chinoise.

En tant qu'une entreprise multinationale de prospection et d'exploitation pétrolières et gazières, Addax Petroleum, dont le siège social est à Genève, est un des plus grands producteurs pétroliers indépendants en Afrique de l'ouest et au Moyen-Orient. Jusqu'à fin 2008, ses réserves pétrolières prospectées et vérifiées atteignent 536 millions de barils et il a produit quelque 140 000 barils de pétrole par jour (équivalent à 7 millions de tonnes par an). Pour Sinopec, ce rachat constitue une transaction structurelle, car elle lui permettra d'optimiser la valeur de ses actifs hydrocarbures offshore. 

Un autre géant pétrolier chinois China National Petroleum Corporation (CNPC) a publié le 21 courant un communiqué dans lequel il est annoncé qu'il a acquis indirectement 45,51% des actions de Singapore Petroleum Company (SPC) et qu'il est envisagé de l'établir en une plate-forme pour l'exécution de sa stratégie internationale. 

Quant à China national Offshore Oil Corporation (CNOOC), sa filiale China Oilfield Services Ltd a réalisé en juillet 2008 la fusion-acquisition de la Société norvégienne Awilco Offshore pour la somme de 2,5 milliard de dollars US.

Un rapport établi par la Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme (CEDR) indique que les ressources énergétiques sont en train de devenir une des principaux domaines pour la fusion-acquisition chinoise outre-mer. Jusqu'en fin avril 2009, la CEDR a approuvé et ratifié vingt six projets de rachat à l'étranger dans le domaine de l'exploitation énergétique dont la valeur unitaire est supérieure à 300 millions de dollars US, le montant des investissements chinois se chiffre à 45,8 milliards de dollars US, soit à peu près 78% de la valeur globale des projets outre-mer de type non financier acquis dont la valeur unitaire dépasse 10 millions de dollars US.

Dong Xiucheng, vice-recteur de l'Institut de gestion industrielle et commerciale de l'Université du Pétrole de Chine, dit qu'il s'est produit certains changements, quant à la stratégie des fusions-acquisitions chinoises ces dernières années à l'étranger, caractérisés par les trois tendances suivantes : d' « absorption » de tout, qu'il soit grand, moyen ou petit, à fusion principalement des grands et des moyens ; de fusion-acquisition seulement d'entreprises de pays en voie de développement à fusion-acquisition de sociétés de pays occidentaux et de sociétés multinationales ; de rachat seulement de gisements pétroliers et gaziers au rachat simultané de tout, par exemple l'achat de raffineries et du système de la vente.

Des spécialistes en la matière ont indiqué que le degré de dépendance de la Chine pour l'énergie pétrolière est relativement élevé, c'est pourquoi dans le contexte actuel de la crise financière internationale, les sociétés chinoises doivent profiter de l'occasion pour se tourner vers l'étranger, choisir des sociétés dont les biens capitaux sont à prix bas et les acquérir. Cela, ont-ils souligné, répond à la stratégie du développement des entreprises d'exploitation énergétique chinoises.

Cependant, ont-ils fait remarquer, les fusions-acquisitions outre-mer ont des risques. Le groupe australien Rio Tinto, leader mondial dans la découverte, l'extraction et le traitement des ressources minérales de la terre, a dénoncé unilatéralement, le 5 juin dernier, l'accord qu'il vient de signer avec le sidérurgiste chinois Chinalco et a annoncé qu'il renonce l'investissement de celui-ci de 19,5 milliards de dollars et qu'il recapitalise 15,2 milliards de dollars US pour établir avec BHP Billiton une joint-venture d'exploitation de minerais de fer. La presse chinoise est unanime à penser que c'est la répétition de l'échec subi en 2005 par CNOOC quant à la transaction pour le rachat de la société pétrolière américaine UNICO.


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