Les minerais, nécessité primaire pour la Chine
Christophe Granier
La Lettre de la Chine hors les murs, n°34, mars 2020


Le texte original et la revue sont disponibles à cette adresse sur le site du Comité national des Conseillers du commerce extérieur de la France


Les ressources minérales nécessaires à une économie intégrée équilibrée sont principalement de deux natures :

  • Ressources énergétiques. Le charbon et à un degré moindre les hydrocarbures sont utilisables dans leur état brut dès l’extraction pour produire l’énergie nécessaire à l’économie ou à une société moderne. L’uranium et ses équivalents radioactifs doivent subir une première transformation avant usage. Etant donné son caractère particulier de minerai liquide ou gazeux, nous n’avons pas traité ci-dessous le vaste secteur des hydrocarbures qui fera l’objet d’études postérieures. Le secteur énergétique proprement dit a déjà fait l’objet de plusieurs contributions (La lettre de la Chine hors les murs n° 17, 23, 26 et 30),
  • Ressources purement minérales. Les métaux et minerais non métallifères nécessaires à l’industrie aval (métallurgie lourde ou spécialisée, chimie, pharmacie, etc…) forment un spectre très large. Leur potentiel de disponibilité varie énormément, tant au niveau de leur recherche et exploitation qu’à celui du degré de transformation qu’ils doivent subir pour être intégrés dans un produit fini. Ces métaux peuvent être précieux, classiques ou dédiés à des usages très précis comme les terres rares ou le cobalt.

L’internationalisation de la Chine lui a permis de trouver à l’extérieur une partie de ses besoins en sources d’énergie et matières premières. En grandes masses, la dépendance de la Chine vis-à-vis de l’extérieur en matière de minerais et de carburants minéraux et hydrocarbures semble coûteuse puisque ces deux catégories ont représenté en valeur 26% de ses importations et 568 md USD en 2019. Ce chiffre ne comprend pas les importations de métaux déjà transformés et de déchets métalliques.

Le secteur énergétique : charbon et uranides

Représentant en Chine 60% de la production d’énergie (contre environ 27% dans le monde), le charbon reste la première source d’électricité au monde. Si la Chine produit 47% du minerai mondial, elle n’en possède que 13% des réserves prouvées. Dans son environnement proche, l’Indonésie est un producteur sans réserves importantes, à l’inverse de la Russie et de l’Australie, cibles privilégiées de la stratégie chinoise d’approvisionnement. Les prévisions de lissage puis de diminution de la consommation pour des raisons environnementales n’empêchent pas Pékin de mener une politique active d’achat de minerai hors de ses frontières. La raréfaction de la ressource semble lointaine mais les importations connaissent une évolution heurtée. Avec 300md T pour plus de 20md USD d’importations annuelles en 2019, la Chine se positionne comme le 1er acheteur mondial devant le Japon et l’Inde, mais ces chiffres volatils connaissent des variations importantes. Ainsi, l’effondrement des importations chinoises de charbon en décembre 2019 (moins de 10% de la moyenne mensuelle de l’année) est en grande partie due à la volonté politique d’afficher cosmétiquement une évolution annuelle raisonnable (+6%) et d’aider les producteurs nationaux. L’Australie reste le premier fournisseur de minerai pour la Chine, avec plus du double du volume des deux pays qui la suivent, Indonésie puis Mongolie.

Il faut noter qu’à l’inverse de la production locale – de qualité inégale – une partie importante du charbon importé en Chine n’est pas utilisée pour produire de l’énergie mais des dérivés industriels, en majorité les aciers spéciaux, ce qui justifie son rattachement aux autres minerais métalliques.

Parmi les acteurs du secteur actifs sur la scène internationale, China Coal Import & Export Co arrive en tête avec sa filiale Huayu, qui a connu récemment de grosses difficultés financières. Le gouvernement chinois a mené ces dernières années une politique systématique de fusions dans le secteur charbonnier qui a donné lieu à la constitution de géants comme Shenhua, China Coal Energy et Datong. Après avoir absorbé son concurrent Guodian, Shenhua est devenue la première société charbonnière au monde par le chiffre d’affaires. 

L’uranium extériorise une dépendance bien plus importante. A l’instar des Etats Unis, la Chine importe 90% des besoins de carburant de ses centrales et d’armement de ses missiles balistiques. La lutte d’influence entre les deux géants de l’économie mondiale – en particulier en Afrique – pour contrôler les sources d’approvisionnement en minerai devrait s’apaiser si la décision de Donald Trump de produire 25% du minerai d’uranium aux Etats Unis pour des raisons de sécurité intérieure ampute les importations américaines et libère le marché en faisant baisser les prix. Cette évolution va dans le sens des intérêts chinois car la consommation nationale prévisible va plus que doubler en 10 ans (11k T en 2020, 18,5k T en 2025 et 24k T en 2030).

La prise de contrôle d’acteurs étrangers par les groupes chinois – en particulier CNNC – ne date pas d’hier (30% de la mine d’Azelik au Niger en 2010, participations en Namibie dans la mine Langer Heinrich en 2014, prise de la part majoritaire de Rio Tinto dans la mine de Rössing en 2018). La Chine importe la majeure partie de ses besoins de minerais d’uranium et de thorium de Namibie. Le projet de Shenghe Resources en joint-venture avec un exploitant danois pour extraire uranium, néodyme et yttrium à Kvanefjeld au Groenland a attiré l’attention et n’est pas réglé à ce jour.

Les minerais métallifères : un appétit insatiable

Le marché des deux métaux principaux utilisés dans l’industrie reflète l’importance de la Chine sur la scène mondiale :

Nécessitée par l’approvisionnement d’une économie en plein développement, la demande chinoise de minerai de fer a récemment varié entre 50 et 70% du total mondial. Après avoir importé 1,1 md T de minerai de fer (2e résultat tout proche du record de 2017), la Chine a produit en 2019 près d’1 md T d’acier, chiffre en hausse annuelle de 8,3%. Seuls 10% de ce produit fini provient du recyclage de ferrailles elles aussi largement importées. 3e ou 4e producteur mondial d’un minerai de qualité très inégale, la Chine a dès les années 1980 tenté de prendre des positions sûres sur les marchés internationaux, au plus près des gisements importants de minerais performants

Les achats de la Chine aux grands acteurs mondiaux de la production (Vale, Rio Tinto, BHP, Fortescue) sont prioritairement d’origine australienne puis brésilienne. Malgré la tendance récente, la croissance du marché mondial du minerai de fer n’est ou ne sera plus à brève échéance tirée par la seule demande chinoise puis qu’il est prévu que la valeur ce marché passe de 182 à 333md USD entre 2020 et 2026, soit 9% par an d’augmentation. Des tensions multiples influent directement sur ce marché dans lequel les achats de précaution jouent un grand rôle, comme dans la période actuelle de menace sur les transports maritimes ; dans cet environnement, la Chine reste à la fois créatrice et victime de variations importantes de cours qui déstabilisent bon nombre d’acteurs. L’enquête lancée à l’été 2019 par la Commission nationale de la Réforme et du Développement sur la gestion des stocks de minerai par les aciéristes chinois rappelle l’enquête équivalente de 2009 qui s’est soldée par une baisse sensible des prix et la disparition d’acteurs de la sidérurgie nationale.

Les acteurs chinois cherchent à sécuriser l’accès direct au minerai en créant des sociétés d’exploitation contrôlées. Des permis miniers significatifs ont été obtenus en Angola puis en Guinée. L’exemple le plus récent est représenté par le consortium SMB Winning pour le gisement de très haute qualité de Boké en Guinée, prévu pour atteindre un palier de production maximale en 2025. Dirigé de fait par le géant chinois de l’aluminium Hongqiao, ce groupe rassemblant un logisticien local, le port de Yantai et l’armateur singapourien Winning investira jusqu’à 3md USD dans les infrastructures minières et annexes et exploitera directement la mine géante dont le produit sera exporté en quasi-totalité vers la Chine. Il est la preuve de la volonté chinoise d’augmenter la production captive de minerai pour moins dépendre de ses fournisseurs australiens et brésiliens.

Deuxième métal utilisé dans le monde – en particulier pour sa conductivité – le cuivre est également devenu une spécialité de l’industrie de transformation chinoise. La montée en gamme de cette industrie avec l’installation de nouvelles fonderies domestiques est visible : les importations de cuivre raffiné (3,2m T) ont baissé de 7% en 2019 quand celles de minerai concentré (22m T) augmentaient de 22%. La Chine représente 40% de la demande mondiale de minerai de cuivre. Le Chili et le Pérou précèdent la Chine dans les statistiques mondiales de production et la République Démocratique du Congo, l’Australie et la Zambie possèdent des réserves. Au rythme actuel d’extraction, le stock mondial connu n’offre que des perspectives limitées, donnant à la récupération un rôle plus crucial pour le cuivre (plus d’1/3 de la production) que pour les autres métaux d’usage courant. Gravement affectés par la demande chinoise, les cours du minerai ont affiché une chute spectaculaire (-7,5%) depuis le début de l’épidémie de Covid-19.

Outre les participations du groupe « polymétallique » Zijin Mining, en particulier dans la mine érythréenne de Bisha et sur le projet serbe de Timok, les actions extérieures des acteurs chinois comprennent celles de Jiangxi Copper, opérateur historique de l’époque de Deng Xiaoping, aujourd’hui diversifié, présent en Afghanistan et en Albanie. Jiangxi devrait – malgré l’épidémie récente qui ralentit les pourparlers – entrer au capital du canadien First Quantum Minerals dont les ventes des mines de Zambie sont pour 37% destinées à la Chine. Minmetals, conglomérat emblématique des métaux non-ferreux et terres rares, collabore avec Jiangxi Copper dans l’exploitation du gisement de cuivre de Galeno au Pérou. Autre acteur « africain » de Chine, le groupe Jinchuan opère deux mines en RD du Congo et une en Zambie.

En raison de ses nombreux usages, l’aluminium a acquis une place de choix dans la galaxie des métaux non-ferreux. Acteur mondial incontournable, la Chine produit près de 60% de ce métal. La crise récente du coronavirus a déterminé un effondrement des prix de près de 10%. La surcapacité structurelle constatée depuis plusieurs années est entretenue en Chine par les autorités locales. China Hongqiao, basé dans le Shandong, est devenu le premier producteur mondial devant le russe Rusal, talonné désormais par Chalco, société d’état profondément restructurée et la société de Chine du sud Xinfa. A la base de la production, le minerai de bauxite se trouve en majorité dans le bassin caraïbe, sur le pourtour du golfe de Guinée, en Australie, Inde et Indonésie. N’exploitant pas au maximum son minerai local, de pauvre qualité, et souffrant de blocus intermittent de la part de l’Indonésie et de la Malaisie, la Chine a visé depuis plusieurs années non pas le premier pays producteur (l’Australie) mais celui ayant les réserves les plus conséquentes, la Guinée. Hongqiao a constitué le groupe SMB Winning – déjà cité dans le domaine du fer – tandis que le major d’état Chalco (Chinalco) s’intéresse au grand gisement de Simandou et aux réserves de la zone de Boffa. TBEA, autre groupe chinois privé diversifié, s’est engagé à investir 2,9md USD sur le bloc Santou. Ces installations minières intégrées comprennent non seulement des raffineries annexes capables de produire l’aluminium sur place mais les infrastructures de transport pour l’exportation, voies ferrées et ports en eau profonde comme Boké, appelé à devenir une escale majeure polyvalente de la côte occidentale africaine. Rien de tel chez les grands pays producteurs de la zone Asie du sud-est, où les acteurs chinois – contraints par leur gouvernement – s’engagent seulement au coup par coup sur la formation des cadres locaux dans les processus de fabrication de l’aluminium et la construction de fonderies. En 2019, la Chine a importé un record de 100m T de bauxite, 22% de plus qu’en 2018 et 2 fois plus qu’en 2016.

La Chine est également le premier (et l’un des plus anciens) producteur mondial de zinc, quatrième métal produit dans le monde, utilisé dans le processus de galvanisation. Si la production atteint des records après des années moroses de surproduction, une forte variation des importations de minerai est intervenue en 2019 (-21%) à cause de la baisse de la production du Myanmar voisin. Mexique et Pérou dominent dans le domaine de la qualité du minerai, toujours associé à celui de cadmium et extrait en parallèle avec celui-ci, mais les extracteurs chinois semblent s’être intéressés plutôt aux gisements de l’arctique canadien.

Le pays est autosuffisant en minerai de plomb mais en importe encore pour des raisons stratégiques. Il représente la moitié de la production mondiale totale et ses rares entreprises, non-encore mondialisées, assistent pour l’instant en spectateurs à la montée en puissance de l’Australie, qui détient les plus grandes réserves connues. Proche du plomb par son aspect, le molybdène se trouve associé au cuivre dans nombre de gisements. La Chine est l’un des premiers producteurs derrière le Chili aux côtés des Etats Unis et du Pérou. Utilisé dans les alliages d’acier et dans l’industrie pétrolière comme catalyseur, ce métal au marché assez réduit est sujet à des fluctuations de demande très importantes. China Molybdenum, producteur « polymétallique » de rang mondial, opère en RD du Congo la plus grosse mine de cuivre du pays, Tenke Fungurume, et a pris de telles positions par acquisitions hors de Chine (dans les phosphates, le niobium, le tungstène, le cobalt) qu’il dérive 85% de son chiffre d’affaires de ses opérations extérieures.

La production d’étain, encore éclatée en Chine entre de nombreux acteurs de taille moyenne, est basée pour partie sur le minerai de Malaisie, d’Indonésie et de Namibie. La RD du Congo et le Nigéria, premiers producteurs sur le continent africain, restent négligeables dans les statistiques chinoises. L’histoire de l’étain indonésien, succession d’affrontements avec la Chine et ses sociétés secrètes intervenant à partir du milieu du XIXe siècle pour s’accaparer le minerai, est représentative d’un temps passé toujours susceptible de revenir à la surface dans les périodes de pénurie. 

Le chrome, déjà utilisé pour renforcer la pointe des flèches et des lances de l’armée de Qin Shihuang au IIIe siècle av.J.C., provient quant à lui en majorité d’Afrique du sud et du Kazakhstan ; il fait aujourd’hui l’objet d’importations massives de la part des industriels chinois spécialisés en aciers inoxydables. Transformé en Chine, le minerai est acheté à bas prix et pour plus de la moitié des besoins à l’Afrique du sud, dans un schéma de dépendance croisé rarement favorable au pays producteur.

Autre métal non-ferreux de premier ordre (associé au fer et au cuivre dans certains gisements), le nickel est crucial pour la fabrication d’alliages performants d’acier, dont la Chine est le premier producteur. Australie, Canada, Indonésie, Philippines et Russie concentrent la majorité de la production minière bien qu’une extraction domestique chinoise existe. Derrière Norilsk, Vale et BHP, Jinchuan – également engagé dans l’exploitation du cuivre et du cobalt – est le principal acteur chinois, et donc la principale victime de l’interdiction d’exportation décidée à nouveau en janvier 2020 par l’Indonésie. Très décrié en RD du Congo, Zhejiang Huayou Cobalt sécurise ses approvisionnements en détenant 58% et finançant 70% d’une grosse fonderie de nickel aux Célèbes.

Malgré la guerre commerciale, la Chine n’a pas réduit significativement ses achats de minerai, bien que le ferronickel entre dans la fabrication d’équipements exportés vers les Etats Unis. En revanche, les cours du métal se sont effondrés, affectant en premier lieu la Nouvelle Calédonie, 5e producteur mondial, dont la Chine est le premier client. L’épidémie de coronavirus risque de constituer une double peine, preuve de l’empreinte croissante de la Chine dans la zone. Zimbabwe et Madagascar sont également des fournisseurs importants de minerai de nickel.

En tête de la production mondiale de titane devant l’Australie, l’Afrique du sud et l’Inde, la Chine n’a pour l’extraction du minerai de ce métal qu’un leadership relatif et provisoire. Utilisé pour sa rigidité dans les pièces d’usinage fin, le titane peut être considéré comme stratégique dans la fabrication de machines de précision et pièces, produites par un ensemble d’entreprises petites et moyennes dont la mondialisation se limite à l’exportation directe.

Les pierres et métaux précieux : un attrait millénaire

La valeur vénale de l’or, due à son inaltérabilité et l’attrait particulier qu’il exerce traditionnellement sur les Chinois, explique l’activité déployée par ses entreprises dans la recherche et la transformation du métal jaune. La rareté constatée des réserves et les nouveaux usages industriels de l’or ont encore nourri cet appétit. Dans le récent développement à l’international de la Chine, la recherche d’or rassemble un faisceau de réussites indéniables et de ratages retentissants, ces derniers étant souvent le fait d’acteurs semi-individuels incontrôlés partis le piolet à l’épaule comme aux plus beaux temps du Klondike. Premier producteur mondial, la Chine communiste qui avait d’abord confié le sous-secteur à son armée a su le réorganiser pour y faire voisiner – comme souvent – des groupes d’états rigides (China National Gold Group Corp.) et des entreprises « privées » comparables dans leur comportement à leurs concurrents occidentaux tel Zijin Mining, premier acteur sur ce marché. Assis sur une production domestique importante et très ancienne, tous se sont lancés sur les chemins de l’international, Shandong Gold rachetant par exemple 50% du canadien Barrick dans la mine de Veladero en Argentine ou Fosun prenant 15% du premier producteur russe Polyus. La méfiance vis-à-vis des investisseurs chinois a rendu impossible à l’été 2018 l’acquisition pour 1,5md USD de la première mine indonésienne par l’opérateur Penxing International Mining et l’exemple des manifestations violentes anti-chinoises d’août 2019 au Kirghizistan est significatif. Malgré les efforts de rationalisation, l’éparpillement du secteur subsiste avec ses conséquences politiques parfois dommageables.  

L’argent est apprécié depuis aussi longtemps que l’or ; sa présence en Chine a toujours été importante, des échanges très anciens avec le Japon jusqu’à sa généralisation monétaire au XVIe siècle, fruit du commerce bilatéral avec l’Amérique espagnole et du galion de Manille. Inondée par l’argent des Andes, la Chine l’a thésaurisé tout en s’intéressant à son exploitation en tant que minerai. Mexique, Pérou et Bolivie sont dans l’ordre les trois premiers pays miniers mais seulement 40% du minerai proviennent de mines d’argent, quand 20% viennent de mines de zinc et 10% des mines d’or, ce qui replace la Chine en 3e position pour la production d’argent métal.

Aggravant en cela la tendance mondiale générale, l’utilisation industrielle de l’argent par la Chine a marqué une forte baisse depuis son pic de 2014 et la demande de minerai a plafonné. La découverte dans la région autonome de Mongolie d’un gisement très important au début de 2018 a encore poussé les prix à la baisse. China Polymetallic, actif dans l’extraction de minerais de plomb, zinc et argent, est l’un des principaux groupes présents sur le segment de l’argent avec une partie de ses activités localisées au Myanmar.

Le platine et ses métaux associés le palladium et le rhodium forment un ensemble exceptionnel par l’intensité de la spéculation dont ils ont récemment été l’objet. Si le platine de joaillerie, particulièrement apprécié par les femmes natives d’extrême orient à cause de l’accord de sa teinte avec leur peau, a toujours été thésaurisé, ses métaux associés à usage industriel ont vu leur cours s’envoler de manière excessive, le palladium puis tout récemment le rhodium devenant les plus chers de tous les métaux. Catalyseur efficace, ces deux derniers sont utilisés dans l’industrie pétrolière, la fabrication d’instruments médicaux et de condensateurs pour l’électronique, mais ils sont surtout devenu indispensables à l’industrie automobile pour filtrer les rejets de particules fines et stocker l’hydrogène pour les piles à combustible. La Russie (Norilsk Nickel) et l’Afrique du sud exploitent la majorité des ressources mondiales, et la Chine achète donc une part croissante de ses besoins à ces pays dont elle est partenaire dans le cadre des BRICS.

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« L’or a un prix, le jade n’en a pas » : l’aphorisme traditionnel n’a plus trop cours de nos jours mais symbolise l’attrait des Chinois pour les pierres précieuses et semi-précieuses, qui jouent le même rôle de placement que l’or mais dont l’usage industriel est également croissant.

Le jade issu de la jadéite (vert, contrairement au jade traditionnel impérial de couleur blanche des premières dynasties exploité dans les monts Kun Lun), les rubis et les saphirs proviennent en grande partie du Myanmar et font l’objet d’un trafic actif souvent illégal. Extracteurs et négociants chinois sont généralement de très petites entreprises.

Les diamants acquis par les Chinois (hormis ceux de petite taille extraits depuis 1940 de dépôts alluvionnaires domestiques) proviennent sans surprise d’Afrique du sud puis du Zimbabwe, où le groupe Anjin est revenu après avoir été expulsé par le président Mugabe. La crise du coronavirus a fortement affecté les ventes mondiales, dont la Chine représente 15%, et de Beers annonce 35% de baisse de son chiffre d’affaires semestriel. Anecdotiquement, certains laboratoires chinois comme Changsha Hengfeng produisent des diamants de synthèse de qualité tout à fait remarquable. 

Une place particulière revient enfin au graphite, allotrope du carbone comme le diamant, dont les couches superposées appelées graphènes ont une résistance, une souplesse et une conductivité exceptionnelles qui permettent nombre d’applications d’avant-garde, en particulier dans le domaine de la transmission quantique. Le graphite se trouve en grande quantité à faible coût dans le monde entier mais l’extraction du graphène est complexe et onéreuse. La Chine s’est positionnée sur ce minerai, en particulier à Madagascar par la prise de participation de Tianye dans un projet australien.

Terres rares et engrais : du monopole à la dépendance

Les terres rares transformées en Chine donnent lieu à une littérature abondante mettant en avant la politique délibérée d’assujettissement du monde pratiquée par le gouvernement de Pékin dans ce secteur stratégique. Regroupant des métaux aux propriétés voisines comprenant le scandium, l'yttrium et 15 lanthanides comme le néodyme et le samarium, ces terres rares sont produites à 90% par la Chine et la Corée du nord, même si moins de 80% d’entre elles sont extraites du sous-sol de ces deux pays. Le retard pris dans le secteur par les autres acteurs-consommateurs mondiaux (en grande partie de leur propre fait, par abandon d’exploitations existantes jusqu’au début des années 1990) les condamne pour encore de nombreuses années à subir le diktat chinois en matière de prix et de disponibilité. Malgré leur utilisation dans des produits finis sophistiqués stratégiques, les terres rares représentent un marché de taille très inférieure à celui de bien des métaux (9 à 10md USD au total) et il reste à souhaiter que les épisodes d’embargo comme celui intervenu au détriment du Japon au début de 2010 se raréfient le plus possible. Assis sur le plus gros gisement mondial à Bayan Obo, China Northern Rare Earths Group fait partie des majors nationaux dont le chiffre d’affaires dépasse 1 md USD et la capitalisation 7md USD.

Réalisant que les besoins de son industrie lui demandent également de jouer un rôle d’importateur, La Chine a entamé une stratégie d’expansion internationale. Intégrée verticalement, la société Shenghe Resources a dès 2013 mis un pied en Australie avant de s’installer à Madagascar en 2015 et au Groenland en 2017 et en devenant actionnaire minoritaire du consortium exploitant la mine de Mountain Pass en Californie. Les blocages par les gouvernements américain et australien de tentatives d’acquisition par CNOOC et China Non Ferrous Metals Mining se sont multipliés par la suite.

Autre élément stratégique de la nouvelle industrie électrotechnique, le lithium a fait l’objet depuis plusieurs années de convoitises croisées et d’une concurrence sévère. La Chine est le 4e producteur de minerai, loin derrière le Chili, l’Australie et l’Argentine, mais s’est lancée à l’assaut de la ressource sur tous les fronts pour approvisionner son industrie de nouvelles technologies. Ainsi, sur la seule année 2018, Tibet Summit Resources prend le contrôle du producteur canadien Lithium X en avril, Jiangxi Ganfeng prend une part de l’exploitant argentin Minera Exar en août et Tianqi achète pour 4 md USD 24% du major chilien SQM en décembre malgré de grosses difficultés et mettant en péril ses équilibres financiers. En septembre 2019, le fabricant de batteries CATL prend une part de l’exploitant Pilbara en Australie. L’effondrement actuel des cours du minerai risque de redessiner une partie de l’industrie, y compris extractive, de ce métal.

Tendance au monopole moins évidente sur le marché du cobalt. Ce matériau résistant à la corrosion, utilisé dans les alliages pour turbines à gaz ou dans les électrodes d’accumulateurs et les aimants, a des usages industriels multiples assez proches de ceux du lithium mais reste intimement lié à la Chine à laquelle il a donné la couleur bleue incomparable de ses porcelaines. La production du minerai est accaparée par la République Démocratique du Congo, mais la Chine fournit plus de 80% du cobalt raffiné. Très présents en RDC, les fabricants chinois guettent la moindre occasion, comme Chengtun Mining sur le projet Kalongwe, mais la volatilité extrême du marché fait reculer les plus hardis comme Huayou qui a récemment annulé une prise de participation à cause de la chute des cours. Le géant suisse Glencore, premier producteur mondial avec 35% du minerai, reste le maitre et signe des contrats à terme à sa main avec les raffineurs et fabricants de batteries chinois.   

Outre son intérêt dans certains alliages d’acier, le manganèse est un métal polyvalent utilisé dans les piles et batteries, mais également pour les pesticides et les engrais. Très gros consommateur de cet élément – en particulier pour les rails de chemins de fer – la Chine est dans le peloton de tête des producteurs mondiaux avec l’Afrique du sud, l’Australie, le Gabon et le Brésil, et participe au contrôle du marché mondial par ses implantations au Gabon (Compagnie Industrielle et la Commerciale des Mines de Huazhou, filiale de Citic Dameng). Premier producteur de manganèse électrolytique fini, Ningxia Tianyuan sécurise ses approvisionnements par des contrats à terme en Afrique du sud et au Ghana. 

Objet d’une littérature parfois hystérique, le minerai de coltan, dont le monde a appris l’existence avec celle des téléphones portables de 2e génération, contient du niobium (ou colombium) et du tantale, éléments conducteurs froids utilisés pour la fabrication du meilleur compagnon de l’homme moderne. Son exploitation sauvage aux relents de destruction massive de l’environnement et de la dignité humaine est pratiquée en RD du Congo, mais si ce pays en possède les plus grandes réserves, il n’extrait que 5% de la production mondiale et l’implication directe de groupes chinois dans son exploitation n’est pas prouvée au-delà de leur rôle d’acheteurs.

Enfin, l’extraction de phosphates et de potasse à usage d’engrais connait une évolution erratique. Alors que la Chine faisait montre il y a encore dix ans d’un appétit logique pour cette base chimique d’engrais pour son agriculture, la chute des cours a déterminé un reflux global. Le fonds souverain CDC est sorti sans crier gare du numéro un mondial, le russe Uralkali. Le Canada reste le premier producteur de potasse et la Chine le premier consommateur, mais elle n’est réellement présente que dans l’industrie chimique de transformation intermédiaire, cherchant des débouchés extérieurs pour ses engrais transformés ou signant des contrats de financement et de construction d’infrastructures guidés par des intérêts politiques bien compris, tel le projet de Slavkali en Belarus ou des investissements de soutien comme celui de State Development & Investment Corp Mining en Jordanie. En matière de phosphates, la Chine continue à exploiter les gisements de son propre sol et devrait profiter du resserrement de ses relations avec le Maroc, nouveau numéro un mondial devant les Etats Unis. Il est probable que l’accumulation de problèmes de pollution des sols et des nappes phréatiques détermine un retrait significatif des industriels chinois de l’ensemble du secteur.

L’extraction minière, performance confidentielle et conquête déterminée

Dans le domaine des ressources minières, la stratégie de la Chine est en partie dissimulée. Pékin n’a pas encore adhéré à la Global Reporting Initiative, dont l’objet est d’inciter les États à davantage de transparence, notamment dans la gestion de leurs ressources, mais aussi les entreprises dans la déclaration de leurs performances économiques, environnementales et sociales. Selon un rapport publié en 2018 par le Bureau du représentant américain au commerce (USTR), la Chine continue, aujourd'hui encore, "d'imposer des restrictions aux exportations de métaux, malgré (…) les engagements pris lors de son accord d’adhésion" à l'OMC. Si l’on ne peut rien attendre de positif des commentaires américains, il apparait que grâce à ses positions acquises hors de son territoire, la Chine cherche une domination totale et pilote ses entreprises publiques comme privées vers cet objectif en sauvegardant les richesses de son territoire. La Chine absorbe 40% de la demande de tous les minéraux et métaux et ce chiffre reste orienté à la hausse. Elle importe chaque année pour plus 100md USD de minerais métalliques de base, 30% du zinc, 25% du plomb, 22% du cuivre ; il n’est donc pas étonnant qu’elle soit le responsable principal de la baisse du prix des matières premières au cours de la décennie écoulée. Cette présence écrasante lui a permis de faire éclore 12 des 40 premières sociétés minières du monde (selon PricewaterhouseCoopers). Depuis l’acquisition en 1998 de la mine de cuivre de Chambishi en Zambie, la progression a été foudroyante ; elle n’est sans doute pas terminée malgré ou à cause de la maturité acquise par les acteurs nationaux. Plusieurs ‘entre eux ont recherché et acquis un savoir-faire polyvalent sur un spectre transversal de nombreux métaux et minerais, et leur stabilité s’en est trouvée accrue.

Il reste à accomplir quelques efforts de rationalisation pour réduire le trop grand nombre d’intervenants chinois dans le secteur. Si la production et la gestion domestiques chinois restent sous l’égide du Ministère des ressources naturelles (自然资源部), 14e par rang de préséance dans les ministères du gouvernement, le développement à l’international s’opère sous le contrôle de la Commission pour le Développement et la Réforme, ex-Commissariat au Plan. 

Pékin veille aux développements futurs dans le domaine et se positionne en particulier dans l’exploitation des nodules polymétalliques couvrant le fond des océans. L’International Seabed Authority, créée par la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) a signé 30 contrats avec des gouvernements, instituts de recherche et organismes commerciaux, parmi lesquels 5 l’ont été avec des parties chinoises, ce qui fait dire à Michael Lodge, son secrétaire général que la Chine sera très certainement parmi les premiers pays à démarrer cette exploitation.

Ingénierie, transport et commerce, vecteurs de croissance

L’intégration verticale des métiers miniers a évolué rapidement. Si les métiers industriels situés en aval se sont développés en parallèle, la fourniture des minerais a participé à leur croissance spectaculaire. Sur la période récente, les importations de métaux raffinés (cuivre, nickel, zinc et plomb) ont tendance à baisser mais celles des matières premières destinées à les fabriquer se stabilise, preuve de la capacité domestique grandissante de l’industrie de première transformation.

La technologie de base de l’extraction a suivi une courbe d’apprentissage hyperbolique. Les équipements utilisés dans les mines contrôlées sont de plus en plus originaires de Chine et leur sophistication et leur robustesse les placent en bonne position sur le marché international. Les spécialistes comme Shibang Machinery proposent des broyeuses et convoyeurs sur mesure quand les géants de l’équipement de chantier couvrent déjà le monde de leurs excavatrices et véhicules de transport lourds ; les trois frères ennemis de la profession, Sany, Zoomlion et XCMG ont fait baisser les prix des équipements (à l’exportation) aussi sûrement que la demande chinoise fluctuante à fait baisser ceux des matières premières. Tout aussi significative est l’intégration verticale de groupes d’extraction et de raffinage comme China Nonferrous Metals Mining (CNMC) qui créent leurs filiales de construction d’équipements spécialisés. Les infrastructures annexes (viabilisation des accès, construction, assainissement, etc.) sont également des opportunités pour les conglomérats chinois de travaux publics ; des associations surprenantes peuvent ainsi naître comme celle entre le privé canadien Thor Explorations détenteur de la licence d’exploitation du placer d’or de Segilola au Nigeria et son contractant Norinco, groupe public chinois d’aviation et d’ingénierie lié à l’Armée de libération du peuple.

L’innovation s’applique en priorité sur les secteurs les plus porteurs. L’Institut de Recherche sur la Structure de la Matière du Fujian a publié en mai 2019 un nouveau procédé d’extraction des terres rares à partir du minerai raccourcissant la durée de traitement de plusieurs jours à 20 minutes en utilisant des produits beaucoup moins polluants. Très en avance dans ce domaine particulier, la Chine a déposé 3 fois plus de demandes de brevets que les Etats Unis pour l’exploitation des terres rares. Pour l’exploitation sous-marine sensée apporter au secteur un nouveau souffle, le chantier naval Mawei Shipbuilding a livré (sur les plans du canadien Nautilus Minerals) un navire foreur spécial chalutant la ressource sur la côte de Papouasie Nouvelle-Guinée, ce qui semble de bon augure pour un développement rapide de cette activité.

La manipulation et le transport du minerai en vrac ont donné naissance à un écosystème d’infrastructures technologiques. L’importance du transport maritime (70% du minerai de fer importé est par exemple acheminé par mer) a participé au développement de la construction navale chinoise ; Le chantier de Beihai à Qingdao s’est fait une spécialité de la construction de VLOC (Très grands cargos de vrac minéralier), livrés à des clients divers dont les majors mondiaux comme Vale. Motorisés au gaz liquéfié, ces vraquiers de charge équivalente à 6.700 wagons de chemin de fer peuvent accomplir 25.600 miles nautiques avec un plein de carburant. A côté de ces géants, un constructeur chinois propose des mini-vraquiers polyvalents opportunistes en acier léger et au faible tirant d’eau pouvant naviguer en pleine mer et sur les voies navigables principales. Transporteurs maritimes et ferroviaires chinois bénéficient du secteur minier en plein essor.

L’importance prise par l’industrie minière chinoise et son secteur induit connait son achèvement ultime dans l’implication de ses acteurs et superviseurs dans l’établissement et la négociation des prix mondiaux. Les bourses des matières premières de Shanghai et Qingdao ont acquis une place enviable de référence à l’international, en particulier pour les métaux industriels, métaux de base et précieux. Le poids de la Chine dans toute la filière des minerais la place aujourd’hui dans la situation délicate du leader menacé, en particulier par le contexte de la crise géo-économique du coronavirus, et l’ensemble du secteur pourrait connaitre des bouleversements majeurs.

Initiatives et menaces

L’initiative Belt & Road a impliqué le secteur minier comme tous les autres secteurs de l’économie chinoise mondialisée. Les groupes miniers d’état ont les premiers tracés des plans d’expansion hors des frontières le long des axes ouverts par l’initiative. China National Gold Group et ses confrères ont clairement choisi comme leur premières cibles la Mongolie puis l’Asie centrale proche avec comme outil de pénétration leur technologie éprouvée de forages dans des terrains difficiles. L’Afrique reste également une destination privilégiée. Selon le ministère des ressources naturelles, la Chine a déjà signé 230 contrats avec les agences, instituts et universités géologiques de 63 pays.

Annoncé début 2015, le plan « Made in China 2025 » fait en revanche une part minime au secteur des minerais. Parmi les dix secteurs-clé de développement sur lesquels doivent se concentrer les efforts de l’économie chinoise, il est possible de citer celui des nouveaux matériaux, objet de recherche fondamentale à partir d’éléments minéraliers.

Les accusations de sujétion de certains pays par le biais de la dette sont particulièrement fréquentes dans le domaine minier. Elles ne sont pas toutes fondées : l’importance des prêts chinois privés ou publics à des entités ou projets sud-africains ne peuvent ainsi pas être rassemblés dans une seule stratégie cohérente au vu de leur diversité. Si 85% de la valeur des exportations sud-africaines à destination de la Chine provient des minerais et métaux précieux, il est assez logique que les opérateurs locaux soient soutenus dans le développement de leur production par des prêts de leurs acheteurs. Tout est question de proportion ; la « modalité angolaise » de ressources contre infrastructures fait de plus en plus long feu dans les pays d’Afrique et se transforme en prêts de gouvernement à gouvernement à taux concessionnels, parfois pour des montants exorbitants ; Un exemple caricatural est la Guinée, dont les lignes autorisées dans les livres des banques d’état de Pékin dépassent deux années et demi de produit national. Cette générosité intéressée en prêts remboursables en matières premières est directement liée à la richesse du sous-sol guinéen en bauxite et en fer.

Plus préoccupants en matière d’image sont les réactions populaires dans certains pays vis-à-vis de la présence chinoise dans le secteur minier, principalement de trois sortes : i) plaintes vis-à-vis de conditions de travail et de rémunération humiliantes, au Congo et en Zambie en particulier, ii) remise en cause par des fermiers d’achats de terres déjà effectués pour la prospection comme à Madagascar pour la mine d’or de Soamahamanina, finalement abandonné, ou resserrement des politiques gouvernementales en matière d’exploitation minière suite à des excès de zèle d’opérateurs chinois, comme dans le secteur aurifère au Cameroun iii) protestations contre la destruction du milieu naturel, pollution et déforestation, catégorie sans doute la plus orchestrée grâce à la caisse de résonance de groupes activistes internationaux adossés aux médias. De la destruction des plages du Mozambique pour l’extraction d’un minerai trouvé dans le sable au saccage d’une forêt du Ghana abritant deux espèces uniques de papillons par l’exploitation prévue d’un filon de bauxite, les environnementalistes font flèche de tout bois. Si la rareté et la dispersion de ces manifestations les rendent gérables, la récente campagne écologiste contre la future exploitation par la Chine des nodules polymétalliques sous-marins (nickel, cobalt, cuivre et manganèse principalement) est plus préoccupante car elle est à forte connotation politique (la Chine ayant réussi à sécuriser la première place des permis d’exploitation) et concerne un secteur où les investissements de démarrage sont très importants. La Chine espère pouvoir compter sur certains alliés – tels le Japon – intéressés comme elle à exploiter cette ressource susceptible de doubler l’espérance de production avant épuisement des réserves mondiales de ces minerais (80 ans au lieu des 40 ans actuels estimés).

Dans ce dernier domaine comme dans d’autres, le marché peut naitre de l’obstacle et l’initiative contrecarrer ou précéder la menace. L’application de techniques d’extraction et de transport bas carbone avec une énergie renouvelable est étudiée de près par les chercheurs chinois et des projets comme celui de la mine d’hématite (fer à haute teneur) de la péninsule d’Eyre en Australie du sud sont soutenus technologiquement et financièrement par China Railways, très en avance dans ce secteur des technologies vertes.

 Christophe Granier, CCE France