Minerais et métaux africains exportés à la Chine : l'ALUMINIUM
Thierry Pairault

À juste titre, la CNUCED parle de « minerais d’aluminium », car la bauxite n’est que le principal minerai contenant de l’aluminium. En 2018, deux pays africains se distinguent particulièrement ici : la Guinée et l'Afrique du Sud (voir tableau 1). La Guinée assure la quasi-totalité (95,2%) du minerai exporté d’Afrique en Chine et fournit 11,4% de l’aluminium africain importé par la Chine. Dans un cas comme dans l’autre, la dépendance de la Guinée à la Chine est considérable, respectivement 73,1% et 98,4% des exportations guinéennes de minerai d’aluminium et d’aluminium sont à destination de la Chine. Ceci étant dit, dans les exportations à la Chine, l’aluminium guinéen ne représente en valeur que 0,2% du minerai d’aluminium. L’Afrique du Sud n’exporte pas de minerais d’aluminium à la Chine, mais uniquement de l’aluminium qui représente 69,8% de l’aluminium africain fournit à la Chine et 1,0% de celui exporté par l'Afrique du Sud dans le monde. D’une manière plus générale, la valeur de l’aluminium africain exporté à la Chine ne représente que 2,0% de celle du minerai. Il se pose ici clairement la question d’un extractivisme sans industrialisation qui pourrait bénéficier au développement des pays africains et plus, spécifiquement, à la Guinée. Dans le même temps, on pourrait espérer que les gains de l’extraction puissent servir à financer une production d’électricité qui permettrait une production locale d’aluminium, toutefois la stratégie des extracteurs étrangers ne semble pas suggérer que l’on puisse évoluer dans cette direction même si la génération d’électricité répondait à leurs besoins.

Tableau 1. — Exportations africaines à la Chine de minerais d'aluminium
et d'aluminium (CTCI 285 + 684) en 2018

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Malgré tout, la Guinée est un fournisseur de minerai sur lequel la Chine doit compter (voir tableau 2) puisqu’elle fournit 30,8% du minerai d’aluminium importé par la Chine en 2018, juste derrière l’Australie qui arrive au premier rang (31,9%). Les autres pays (Malaisie, Inde, Brésil…) jouent davantage un rôle de fournisseurs subsidiaires. L’autre pays africain de quelque importance serait le Ghana qui, au huitième rang des fournisseurs, procure 1,2% du minerai importé par la Chine. En revanche, aucun pays africain ne brille par son rôle dans l’approvisionnement de la Chine en aluminium en 2018 (voir tableau 3) ; ce sont plutôt des pays développés d’Asie (le Japon, la Corée du Sud et Taiwan avec respectivement 27,7%, 23,3% et 10,1%) ou occidentaux (les États-Unis, l’Allemagne… avec respectivement 7,6% et 6,3%). L'Afrique du Sud n’arrive qu’au 23e rang n’assurant que 0,5% des importations chinoises d’aluminium, son grand marché étant les États-Unis qui sont destinataires en 2018 de 30,% de ses exportations d'aluminium (voir tableau 4). La Chine n'arrive qu'au 17e rang (1,0% des exportations sud-africaines), soit moitié moins que Hong Kong (au 11e rang avec 2,2%)

Tableau 2. — Importations chinoises de minerais d'aluminium (CTCI 285 ) en 2018
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 Tableau 3. — Importations chinoises d'aluminium (CTCI 684) en 2018
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 Tableau 4. — Exportations sud-africaines d'aluminium (CTCI 684) en 2018
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