Hong Kong et l'investissement chinois en Afrique
Thierry Pairault

Il y a longtemps que je voulais jeter un coup d’œil aux statistiques d’investissement direct sortant de Hong Kong. Je remercie ici Duncan Freeman (Collège d’Europe) qui, au détour d’une conversation, m’a amené à le faire.

Les statistiques hongkongaises relatives aux investissements directs sortant de l’ancienne colonie sont publiées dans un livret disponible à https://www.censtatd.gov.hk/hkstat/sub/sp260.jsp?productCode=B1040003 pour l’année 2017 (voir tableau 1 ci-dessous).

Tableau 1 : L'investissement sortant de Hong Kong
(en milliards d'euros)

Ces chiffres font apparaître une répartition très significative des destinations (voir tableau 2 ci-dessous). Ce que l’on note en premier lieu est que, malgré la modification des règles fiscales bénéficiant aux entreprises étrangères sur le continent chinois, la pratique du round-tripping semble se perpétuer à telle enseigne que 38% du stock d’IDE de Hong Kong est à destination de la Chine (rappelons qu’environ les deux tiers des investissements sortant de Chine sont pour destination Hong Kong). Également remarquable est que 44% du stock de ces IDE est à destination de paradis fiscaux, bancaires voire judiciaires y compris les Pays-Bas qui font preuve d’une complaisance que combattent désormais les autorités luxembourgeoises, mais que les instances européennes se refusent encore à reconnaître. Restent donc 18% du stock de ces investissements sortants qui pourraient éventuellement participer à des investissements en Afrique. Mais ici, il ne faut pas se leurrer. En 2017, le montant de ces IDE a été d’environ quatre milliards d'euros, soit une somme très faible dans une conjoncture où les IDE sortant de Hong Kong sont investis en quasi-totalité (91%) dans des services financiers, bancaires, immobiliers… Il n’y a donc peu d’espoir que ces capitaux participent à l’industrialisation de l'Afrique.

Tableau 2 : Stocks et flux d'investissement par destination