Lettre d'un «homme blanc» à une jeune étudiante
Thierry Pairault

Madame,

Je peux parfaitement comprendre et admettre que mon approche des relations entre la Chine et le continent africain puisse ne pas vous satisfaire; l’université est un lieu de débat où vos opinions comme les miennes peuvent s’affronter.

Je peux également parfaitement comprendre et admettre que l’œuvre (une centaine de tableaux offrant une perspective africaine sur le même thème) d’un artiste kenyan puisse vous choquer en ce qu’il relègue les différents acteurs du drame africain dans des rôles peu flatteurs, voire carrément odieux : vieux prédateurs occidentaux, jeune prédateur chinois et jeunes Africaines cédant au mieux-disant.

En revanche, je ne saurais admettre ni même comprendre que vous rejetiez ma présentation de l’autre jour au prétexte que je ne sois pas « africain », mais un « homme blanc ». « Homme » et « blanc » ; ce sont donc mon sexe/genre ainsi que mes origines ethniques (et d’ailleurs que savez-vous de mes origines ?) qui expliqueraient tout. Sexisme et racisme sont donc ce qui fonde votre imprécation. Personnellement, je n’ai pas besoin de recourir à des arguments aussi vils et nauséeux pour qualifier votre message, je me contenterai de considérer que c’est votre manque de maturité intellectuelle qui vous a dicté vos propos.

Aussi, comme enseignant, je vous pardonnerais vos déclarations et vous suggérerais de continuer à suivre vos cours à l’université afin d’élargir votre vision du monde.

Bien à vous,
Thierry Pairault