Dette africaine : le G20 et la Chine
Thierry Pairault

L'argumentation de la Chine est simple. Ce qui poserait problème, ce seraient les créanciers privés et non les créanciers publics. Les créanciers chinois seraient tous publics, donc la Chine ne serait pas concernée par la nécessité de remettre les dettes africaines. Du point de vue chinois, ce serait donc un problème strictement occidental dans lequel la Chine n'aurait pas à intervenir. De même que les pays occidentaux n'auraient pas à intervenir dans les affaires publiques chinoises que sont ses créances publiques en Afrique.

Si d'un point de vue macroéconomique, les créances privées à long terme non garanties par les États sont de 25 70 milliards de dollars contre 2 935 pour les dettes publiques garanties (soit respectivement 49,9% et 50,1% des dettes à long terme), il n’en est pas de même concernant l’Afrique subsaharienne : là, les premières ne sont que de 128 milliards tandis que les secondes sont de 365 milliards (soit respectivement 25,9% et de 74,1%). De ce point de vue, la Chine est bel et bien directement concernée par l’endettement des pays africains, même si elle ne totalise que 17% de la dette africaine à long terme (voir Dette africaine : la part chinoise à 40 %, mythe ou réalité ? ), et ce d’autant plus que la grande majorité de pays les plus pauvres sont africains.

Véritablement, la comédie du G20 concerne-t-elle la dette des pays les plus pauvres ? Ne s’agit-il pas plutôt de la Chine : comment la mettre en porte-à-faux entre sa diplomatie supposément généreuse et son comportement effectif à l'égard de l'Afrique ? Avec le moratoire, elle s'en tire à bon compte d’autant que les contrats de prêts pourraient inclure une clause résolutoire selon laquelle la divulgation des termes de ces contrats les annulerait. Dans ces conditions, que signifie un engagement à plus de transparence.