Filer la comparaison Laos-Afrique
Thierry Pairault

Certes « comparaison n’est pas raison », mais les comparaisons peuvent permettre de mettre les choses dans une autre perspective. Dans un précédent article, nous avions souligné l’importance des flux annuels d’IDE chinois vers le Laos relativement aux flux à destination de l’Afrique (IDE au Laos vs IDE en Afrique ). En conclusion, nous suggérions que pour la Chine, l'Afrique n’avait qu’une importance économique marginale. Nous avons déjà développé cette thèse ici en montrant comment se positionne L'Afrique face à l'Union européenne et la Chine en quatre images . Nous l’avons aussi suggéré quand nous rappelons, ça et là, que l'Afrique ne pèse que 3% du commerce mondial et 3% du commerce chinois de marchandises, que son stock d’IDE ne pèse que moins de 2,5% du stock mondial d’IDE et que son stock d’IDE chinois moins de 2% du stock mondial d’IDE chinois en 2020.

Si, à titre purement heuristique, nous continuons de considérer l'Afrique comme un « pays » et prolongeons la comparaison, nous constatons certes que l'Afrique pèse plus lourd en termes de population, de PIB et d’échanges marchandises, mais que la Laos a un produit intérieur brut par habitant et en parité de pouvoir d’achat quatre fois supérieur à celui de l’Afrique (7 800 dollars contre 1 800 dollars) et que la Chine importe près de 5 fois plus du Laos par tête d’habitant que d’Afrique (245 contre 54 dollars) et exporte plus de deux fois plus vers le Laos par tête d’habitant que vers l'Afrique.

SI nous ajoutons que le Laos est intégré à une route ferroviaire (partiellement achevée, voir l'exposé d'Éric Mottet La relation bilatérale entre le Laos et la Chine [enregistrement] ) entre Kunming et Bangkok (une route terrestre de la soie, donc), nous pouvons assurément conclure que les liens économiques entre le Laos et la Chine sont, économiquement parlant, relativement plus riches et profonds que ceux liant l'Afrique dans son ensemble à la Chine.