Rapport sur l'UE et la Chine: l'échange inégal ?
Parlement européen — Commission du commerce international
Rapporteure : Marielle de Sarnez
20 avril 2012

Le rapport est disponible à http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=REPORT&reference=A7-2012-0141&language=FR

On citera les principaux points où il est question des relations entre les pays africains et la Chine :

Le Parlement européen : 

30. souligne l'influence croissante de la Chine sur la scène du commerce international; appelle dès lors l'Union européenne à rester vigilante quant à l'impact politique, économique, social et environnemental des investissements croissants de la Chine dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique et en Amérique latine;

31. réaffirme la nécessité que les investissements chinois en Amérique latine et en Afrique, en particulier dans les zones économiques spéciales (ZES), contribuent au développement économique des pays concernés et au développement des chaînes de production locales en utilisant la main-d'œuvre locale;

La commission du développement

D. considérant que la montée en puissance de la Chine comme acteur du développement en Afrique est l'un des aspects les plus frappants de ces dix dernières années;

G. considérant que les zones économiques spéciales (ZES) de la Chine en Afrique visent à créer un environnement favorable pour inciter les petites et moyennes entreprises chinoises à opérer à l'étranger; considérant que jusqu'à présent, selon le Groupe de la Banque africaine de développement, les ZES mises en place par la Chine en Afrique subsaharienne n'ont produit que des résultats peu significatifs en termes d'investissement et n'ont eu que des retombées limitées sur la création d'emplois et l'intégration à l'économie locale; 

N. considérant que les activités de financement des exportations de la Chine ont permis à ce pays de renforcer sa présence dans de nombreux pays en développement, en particulier en Afrique; 

1. est convaincu que la forte expansion des échanges commerciaux entre tous les États membres de l'Union et la Chine constitue un instrument essentiel de développement aussi bien pour l'Union que pour la Chine, étant donné que le libre-échange est un des leviers les plus puissants de la croissance économique, de la lutte contre la pauvreté et de la création de richesses; estime que le caractère spécifique de l'engagement de la Chine dans le cadre de l'OMC, qui empêche la Chine de bénéficier du "traitement spécial et différencié" dont jouissent d'autres pays membres en développement, soulève des questions sur le plan de la cohérence et de la logique; invite dès lors la Commission à examiner la cohérence et la logique de sa politique commerciale envers la Chine dans le contexte de sa politique d'aide au développement en faveur de l'Afrique;

3. observe que le fonds de développement sino-africain est favorable à la création de zones de coopération économique chinoises spéciales en Afrique; partage l'avis du groupe de la banque africaine de développement selon lequel il est nécessaire d'intégrer les investissements chinois dans la chaîne de production nationale pour veiller à ce que ces zones favorisent effectivement l'industrialisation, ce qui suppose notamment: le renforcement des accords juridiques et réglementaires, y compris des garanties sociales et environnementales, ainsi que l'amélioration de l'accès des entreprises et de la main d'œuvre locales à ces zones pour assurer le lien avec l'économie locale;

6. constate que la croissance de la Chine et sa capacité à passer, en l'espace de trente ans, du sous-développement à l'état de puissance mondiale émergente, ont fait de ce pays un nouveau partenaire commercial et financier, aux côtés des partenaires traditionnels de l'Afrique;

7. reconnaît que le poids de la Chine en Afrique varie en fonction de la taille, des structures économiques et de la qualité de la gouvernance et des institutions des économies africaines; estime qu'il convient d'évaluer de façon plus approfondie les retombées du commerce chinois sur les pays africains, à savoir la mesure dans laquelle les échanges commerciaux avec la Chine favoriseront une spécialisation accrue dans le secteur des matières premières ou pourront aider les économies africaines à diversifier leur production et à financer des projets durables;

8. souligne que le nouveau rôle joué par la Chine en tant que source de financement de premier plan en Afrique a suscité des craintes dans l'Union européenne; souligne notamment que si les organisations internationales et les agences d'aide bilatérale des donateurs traditionnels ont lié leur assistance au respect d'une bonne gouvernance, ce n'est pas le cas de la Chine; s'inquiète dès lors que l'influence de la Chine retarde les efforts déployés pour améliorer la gouvernance et réduire la corruption en Afrique, notamment dans ses pays partenaires dotés d'institutions fragiles, comme l'Angola, le Congo, le Nigeria et le Soudan; 

10. considère que pour récolter des bénéfices de la collaboration entre la Chine et l'Afrique, il sera nécessaire, entre autres, que les gouvernements africains renforcent les institutions de gouvernance; insiste, de surcroît, sur la nécessité d'intensifier le dialogue politique entre la Chine et les États membres de l'Union afin d'inciter la Chine à prêter attention aux incidences de son assistance sur la gouvernance et l'environnement, et de veiller à ce que l'aide chinoise vienne compléter, et non concurrencer, l'aide apportée par les donateurs traditionnels;

11. constate que les investissements chinois en Afrique, qui passent essentiellement par la Banque d'import-export, suscitent des inquiétudes, notamment en ce qui concerne la durabilité des projets, comme dans le cas de grands projets de barrages hydroélectriques controversés; partage, dans un premier temps, l'avis du groupe de la banque africaine pour le développement qui juge souhaitable d'étendre aux investissements chinois la mise en œuvre des principes de l'Équateur, ensemble de lignes directrices et de critères facultatifs pour l'identification, l'évaluation et la gestion du risque social et environnemental en matière de financement de projets;

12. constate avec inquiétude qu'en Afrique, une majorité des grands projets chinois ont été réalisés par une main d'œuvre essentiellement chinoise; considère qu'il s'agit là d'une des raisons pour lesquelles la main d'œuvre locale n'a pas été formée et que les retombées en termes d'emploi pour la population locale sont minimes;

La Commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie

22. demande une évaluation de l'impact des zones économiques spéciales chinoises dans les pays africains et nord-africains, en particulier ceux avec lesquels l'Union a passé des accords commerciaux; souligne avec inquiétude que la politique chinoise en Afrique peut avoir des impacts dramatiques sur les ressources naturelles et affecter les politiques de développement menées par l'Union; demande à la Commission d'évaluer la cohérence entre les politiques européennes commerciales menées vis-à-vis de la Chine et les politiques européennes de coopération au développement en faveur de l'Afrique.