Quel moteur de la croissance pour la Chine, et le monde ?
Laurent Malvezin et Alice Raoult
La Lettre de Chine, n°59, octobre 2015

Je n'ai pu résister à citer cet "avant-propos" repris de la Lettre de Chine édité par le département Asie de Scutum Security First car les auteurs inversent à raison la chaîne causale du ralentissement chinois sans pour autant nier l'existence de problèmes proprement chinois.

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La Chine serait une des causes majeures de la baisse de la croissance mondiale. Alors que l’Europe engrange entre 0 % et 1 % de croissance depuis plusieurs années, les premiers signes de reprise font dire courageusement à de nombreux commentateurs que désormais « le ralentissement des émergeants est alarmant » avec la Chine en tête de file des futurs empêcheurs de rêver en rond, suivie par l’Inde, qui nous avait pourtant habitués à +7 %, mais dont les chiffres seraient aussi problématiques que les statistiques chinoises. Ces explications ne convainquent pas le G20. Selon son dernier rapport rendu public à l’issue du sommet d’Antalya, le commerce mondial est à la baisse depuis 2011, avant l’inflexion de la croissance chinoise. Et au diable le fait que la croissance mondiale pour 2015 a été revue à la baisse (+2,9 %). La croissance chinoise doit rester le moteur de la croissance mondiale ! L’OCDE, dans son Economic Outlook, paru le 9 novembre dernier, enjoint les fauteurs de troubles à mettre en œuvre trois priorités : « faire leurs réformes structurelles, dynamiser les investissements ainsi qu’une croissance inclusive ». C’est exactement ce que fait la Chine depuis 2014 pourrait-on lui répondre, mais qu’à cela ne tienne. Pékin, elle, a bien compris cette dimension traumatique de la croissance. Le 1er novembre, Xi Jinping a pris les devants et a clos les spéculations : la croissance chinoise peut supporter jusqu’à 6,5 % de croissance pour atteindre son objectif de doublement du PIB entre 2010 et 2020, coïncidant avec la fin du 13ème plan quinquennal (2016-2020). Avec +6,9 % pour le 3ème trimestre 2015, la croissance sera donc amenée à baisser davantage. Mais dans le même temps les reformes structurelles doivent aboutir. C’est une urgence absolue. La question est de savoir comment la Chine changera « de rapport » pour atteindre la vitesse exigée, et quels seront les nouveaux moteurs de cette croissance inclusive. Le moteur de la consommation intérieure est sur toutes les lèvres et dans tous les textes en Chine, mais il tarde à prendre le relais de la machine exportatrice en surproduction chronique pour certains secteurs. La production industrielle et manufacturière affiche une baisse continue. La rentabilité des entreprises d’Etat est mauvaise et leur situation de monopole cannibalise les reste de l’économie non strictement étatique, qui peine à trouver une place. Enfin, les réformes sociales tardent à s’imposer alors qu’elles deviennent dans ce contexte de restructuration économique et de destruction d’emploi la condition sine qua non pour maintenir la cohésion sociale. Combien de pays développés ou en voie de développement auraient l’audace de mener de front autant de réformes ? La Chine se fixe cinq ans pour passer ce cap difficile. Quel moteur de la croissance pour la Chine, et le monde ?